Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Le 19 novembre 2021
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
Abuja, Nigeria
LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT BLINKEN : Bonjour à tous. Merci beaucoup, Monsieur le vice-président Koroma. Merci pour cette très aimable introduction, mais merci surtout pour votre leadership ici à la CEDEAO – pas seulement aujourd’hui, mais jour après jour. Et c’est un grand plaisir d’être ici à la CEDEAO, qui apporte dans toute la région des contributions vitales à l’intégration économique, à la sécurité, à la démocratie, au climat, à la santé et plus encore.
Et c’est formidable d’être de retour à Abuja pour mon premier voyage en Afrique subsaharienne en tant que secrétaire d’État des États-Unis.
Le « Géant de l’Afrique » est un surnom qui convient tout à fait au Nigéria parce que ce pays occupe une place importante.
Vos atouts sont indéniables : une démocratie dynamique, une économie robuste et une société civile très puissante.
Les défis auxquels vous êtes confrontés sont eux aussi indéniables – notamment les perturbations et l’insécurité causées par le terrorisme et les groupes armés.
Mais il faut aussi parler de l’influence culturelle du Nigeria.
Partout, on écoute des afrobeats ; on lit Wole Soyinka et Chimamanda Ngozi Adichie ; on regarde des films de Nollywood ; on acclame les athlètes nigérians ; on mange du riz jollof. (Rires.)
Bon, je sais qu’il existe une rivalité féroce entre les pays d’Afrique de l’Ouest pour savoir qui fait le meilleur riz jollof – eh bien, étant diplomate, je vais éluder cette question. (Rires.)
Disons simplement que ce qui se passe ici au Nigeria est ressenti dans le monde entier.
Et c’est ce qui, en bref, m’amène à Abuja.
Les États-Unis savent que, pour la plupart des défis urgents et des opportunités qui se présentent à nous, l’Afrique jouera un rôle décisif. Nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs dans le monde, qu’il s’agisse de mettre fin à la pandémie de COVID-19, de construire une économie mondiale forte et inclusive, de lutter contre la crise climatique ou de revitaliser la démocratie et de défendre les droits humains, sans le leadership des gouvernements, des institutions et des citoyens africains.
Les pays comme le Nigeria ne sont pas seulement des chefs de file sur la scène mondiale ; ils sont de plus en plus importants dans le monde, au-delà de cette région, et ils méritent une place de choix partout où les questions les plus importantes sont discutées.
Les institutions telles que l’Union africaine, la CEDEAO, la SADC, l’IGAD, devraient jouer un rôle plus important – et elles devraient avoir une voix plus importante dans les débats mondiaux.
Les États-Unis sont convaincus qu’il est temps d’arrêter de traiter l’Afrique comme un sujet de géopolitique, et de commencer à la traiter comme l’acteur géopolitique majeur qu’elle est devenue.
Les faits parlent d’eux-mêmes.
C’est un continent de jeunes – des jeunes pleins d’énergie, innovants, avides d’emplois et d’opportunités. D’ici 2025, plus de la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans. D’ici 2050, un habitant de la planète sur quatre sera africain. Et le Nigeria dépassera les États-Unis pour devenir le troisième pays le plus peuplé du monde.
L’Afrique est en passe de devenir l’une des régions économiques les plus importantes du monde. Lorsque la Zone de libre-échange continentale africaine, composée de 54 pays, sera pleinement mise en œuvre, elle constituera le cinquième bloc économique du monde par la taille, ce qui représentera une énorme source d’emplois, de consommateurs, d’innovation et de pouvoir pour façonner l’économie mondiale.
Tandis que nous nous employons à mettre un terme à la pandémie de COVID-19 et à renforcer la sécurité sanitaire mondiale, nous devons travailler en étroite collaboration avec les pays d’Afrique afin de mettre en place des systèmes de santé publique capables de prévenir les futures urgences, de les détecter et d’y répondre car, comme ces deux dernières années nous l’ont appris, aucun d’entre nous n’est complètement protégé si nous ne le sommes pas tous.
À mesure que l’urgence de la crise climatique s’accentue, notre attention doit se tourner de plus en plus vers l’Afrique – pour résoudre une urgence qui menace notre sécurité collective, nos économies et notre santé. Ici, où le potentiel de l’énergie renouvelable est plus grand que partout ailleurs sur la planète, nous voyons non seulement les enjeux de cette crise, mais aussi ses solutions.
En ce moment de test pour la démocratie dans le monde, nous voyons à travers l’Afrique un microcosme de ce que les démocraties peuvent accomplir, de même que les défis qu’elles doivent relever.
Et tandis que nous débattons de la manière de régir l’utilisation des technologies pour faire en sorte qu’elles renforcent les démocraties, et non qu’elles les sapent, les choix que les gouvernements, les industries et les innovateurs font ici auront une incidence sur les droits et les libertés des personnes partout dans le monde, et ce, pendant longtemps.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, je suis convaincu que l’Afrique façonnera l’avenir. Et pas seulement l’avenir du peuple africain, mais aussi celui du monde.
C’est pour cela que je suis ici cette semaine, pour me rendre dans trois pays qui sont des démocraties, des moteurs de la croissance économique, des leaders en matière de climat, des vecteurs de l’innovation.
Nous arrivons du Kenya, où nous avons annoncé une nouvelle initiative visant à aider davantage de gens à se faire vacciner contre la COVID-19 ; nous nous sommes engagés pour la première fois à participer aux négociations sur un accord mondial relatif à la lutte contre la pollution plastique dans les océans ; et nous avons lancé un projet avec National Geographic pour donner aux jeunes de toute l’Afrique des moyens de lutter contre la crise climatique.
Ici, au Nigeria, nous avons célébré la signature d’un accord d’aide au développement de 2,1 milliards de dollars qui soutient notre collaboration dans les domaines fondamentaux que sont la santé, l’éducation, l’agriculture et la bonne gouvernance. Plus tard dans la journée, je visiterai le centre de création d’entreprises « Innov8 », où je vais rencontrer certains des inventeurs et des fondateurs qui incarnent l’esprit d’entreprise du Nigeria.
Puis, au Sénégal, je me joindrai à quatre entreprises américaines qui signeront des accords de collaboration avec le gouvernement sénégalais sur des projets d’infrastructure ; je visiterai l’Institut Pasteur de Dakar, qui travaille à la production de vaccins contre la COVID-19 avec un soutien et des investissements américains ; et je rencontrerai des femmes qui sont des leaders dans le domaine des affaires et de la haute technologie, parce que les femmes sont une force puissante de croissance et d’innovation, au Sénégal et partout ailleurs.
Mon voyage reflète l’ampleur et la profondeur de nos partenariats en Afrique – comment nous travaillons ensemble pour trouver des solutions innovantes aux nouveaux défis, et comment nous investissons dans des sources de force à long terme, plutôt que dans des solutions à court terme.
Je sais que je ne suis pas le premier secrétaire d’État américain à venir en Afrique et à promettre un engagement différent et meilleur. Trop souvent, les pays d’Afrique ont été traités comme des partenaires juniors, voire pire, plutôt que comme des partenaires égaux. Trop souvent, nous demandons à nos partenaires d’aider à soutenir et à défendre un système international qui, à leurs yeux, ne reflète pas pleinement leurs besoins ni leurs aspirations. Et nous sommes sensibles aux siècles de colonialisme, d’esclavage et d’exploitation qui ont laissé un héritage douloureux encore présent aujourd’hui.
Je sais également que de nombreux pays de la région se méfient des conditions liées à un engagement accru et qu’ils craignent, dans un monde où les rivalités entre grandes puissances sont plus vives, d’être contraints de faire un choix. Je veux donc être clair : les États-Unis ne veulent pas limiter vos partenariats avec d’autres pays. Nous voulons renforcer encore plus vos partenariats avec nous. Nous ne voulons pas vous obliger à choisir. Nous voulons vous donner des choix.
Ensemble, nous pouvons apporter des avantages réels à nos citoyens, sur les questions qui comptent le plus pour eux.
Pour commencer, je souhaite aborder aujourd’hui cinq domaines d’intérêt commun : la santé mondiale, la crise climatique, la croissance économique inclusive, la démocratie, et la paix et la sécurité.
Premièrement, nous devons mettre fin à la pandémie de COVID-19 et « reconstruire en mieux » avant la prochaine urgence sanitaire mondiale.
Les États-Unis tiennent leur engagement de fournir des vaccins contre la COVID au monde entier.
Cette semaine, nous avons franchi une nouvelle étape : 250 millions de doses livrées dans le monde. D’ici le printemps prochain, ce chiffre dépassera largement le milliard de doses. Nous avons également annoncé que nous allions considérablement accroître notre capacité de production de vaccins, afin de répondre aux besoins mondiaux.
Nous avons fourni plus de 50 millions de doses à 43 pays africains, et d’autres sont en cours de livraison. Et tout cela, sans aucune condition politique.
Nous avons accordé plus de 1,9 milliard de dollars d’aide liée à la COVID, pour répondre à des besoins pressants, tels que l’alimentation d’urgence et d’autres aides humanitaires.
Et le nouveau partenariat public-privé dit Global COVID Corps mettra en relation les entreprises américaines et les pays qui ont besoin d’une aide logistique pour ce que l’on appelle le « dernier kilomètre », c’est-à-dire pour passer du stade des dons de vaccin à celui à celui de l’inoculation.
Le Kenya sera le premier pays à s’associer au Global COVID Corps, et nous prévoyons que de nombreux autres viendront après.
Nous suivons l’exemple de l’Union africaine. Lorsque les quantités de vaccins arrivant en Afrique étaient loin de répondre aux besoins, l’Union africaine a pris les devants. Elle a élaboré un plan d’achat et de distribution de doses – un plan que les États-Unis ont soutenu.
Nous soutenons également des pays comme l’Afrique du Sud et le Sénégal qui prennent des mesures pour fabriquer eux-mêmes des vaccins, et nous voulons investir davantage dans ce type d’efforts parce que l’accroissement de la production de vaccins en Afrique facilite leur distribution, ce qui permet de sauver des vies.
De même, le CDC Afrique a été un partenaire essentiel tout au long de la pandémie. Et nous espérons que d’autres régions se rendront compte de son succès et qu’ils créeront leurs propres centres de contrôle des maladies parce qu’un réseau mondial de CDC régionaux placerait le monde sur une base plus solide pour l’avenir.
Cette pandémie a révélé à quel point nous sommes tous vulnérables. Nous devons saisir l’occasion de renforcer la sécurité sanitaire mondiale. À cet égard, les États-Unis et les pays d’Afrique sont particulièrement bien placés pour jouer un rôle moteur parce que nous travaillons ensemble depuis des dizaines d’années pour améliorer la santé sur le continent.
Le PEPFAR, par exemple, a sauvé des millions de vies, il a rapproché le monde du jour où l’on verra la première génération sans SIDA et il a transformé les infrastructures de santé publique, y compris ici au Nigeria, où les investissements que nous avons faits il y a des années dans les laboratoires et les centres de soins ont formé la clé de voute de la réponse nationale à la COVID.
Nous savons comment faire ce travail ensemble. Relevons le défi de la sécurité sanitaire mondiale – pour le bien de nos pays et des pays du monde entier qui seront plus en sécurité si nous agissons et si nous donnons l’exemple.
Deuxièmement, nous devons intensifier notre réponse à la crise climatique.
Ses effets catastrophiques sont évidents sur tout le continent : sécheresse, déforestation, mauvaises récoltes, inondations, avancée des déserts, insécurité alimentaire, concurrence pour les ressources, pertes économiques, migrations. Le lac Tchad a été une source vitale d’eau, de nourriture et de moyens de subsistance pendant des siècles. Aujourd’hui, il a presque disparu : il a été réduit à un vingtième de la taille qu’il avait il y a 60 ans. Les photos satellites sont dramatiques.
Et le fait que l’Afrique porte ce fardeau alors qu’elle n’est responsable que d’une petite partie des émissions à l’origine de la crise impose aux pays développés, y compris aux États-Unis, le devoir de faire beaucoup plus pour soutenir l’Afrique contre cette menace.
Il y a quelques semaines, le président Biden a lancé le Plan présidentiel d’urgence pour l’adaptation et la résilience. Il travaillera avec notre Congrès pour allouer 3 milliards de dollars par an d’ici 2024 au financement de projets d’adaptation au climat dans le monde entier. Il s’agit de l’engagement le plus important jamais pris par les États-Unis pour réduire l’impact du changement climatique sur les personnes les plus menacées par ce phénomène.
Dans le cadre de ce plan, nous soutiendrons l’Initiative d’adaptation pour l’Afrique, qui a été lancée par les chefs d’État de toute l’Afrique il y a six ans, et en particulier son programme visant à accélérer la planification et le financement d’infrastructures à haut rendement énergétique et résistantes au changement climatique.
Nous continuerons d’œuvrer de concert avec l’Union africaine et d’autres partenaires régionaux pour des investissements intelligents face au climat dans l’agriculture, la protection des forêts et l’amélioration de l’éducation au changement climatique.
Et pour réduire les émissions, tout en créant des emplois et en améliorant l’accès à une énergie abordable, les États-Unis et leurs partenaires africains avancent à grands pas dans le domaine des énergies propres.
Par le biais de notre programme Power Africa, nous avons raccordé plus de 25 millions de foyers et d’entreprises à travers le continent à l’alimentation en électricité, laquelle provient à 80 % d’énergies renouvelables. Nous contribuons à faire avancer le partenariat Mega Solar, qui vise à développer le plus grand parc solaire d’Afrique – un projet conjoint du Botswana et de la Namibie, en liaison avec des institutions financières internationales. Notre propre société de financement du développement, la DFC, soutient les énergies renouvelables dans toute l’Afrique, notamment un projet solaire ici, au Nigeria, et des parcs éoliens au Sénégal et au Kenya.
Ces projets pourraient marquer le début de nos partenariats dans ce que l’on appelle les « technologies vertes », c’est-à-dire les industries et les infrastructures d’un avenir à faible émission de carbone et résilient au changement climatique – tout, des panneaux solaires aux vélos et voitures électriques en passant par le transport maritime durable.
C’est une occasion immense d’encourager la compétitivité économique, de renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, de créer des emplois et de stimuler l’innovation.
Prenez ce qu’a fait le Nigeria en matière de technologie financière, avec les paiements électroniques, la cryptomonnaie et les services bancaires numériques. Et imaginez ce que nous pourrions accomplir ensemble en construisant notre avenir économique écologique.
Vanessa Nakate, la militante climatique ougandaise, a lancé un appel urgent aux dirigeants mondiaux à Glasgow la semaine dernière, lorsqu’elle a déclaré que les jeunes ne croyaient plus en nos promesses climatiques.
« Prouvez-nous le contraire », a-t-elle exhorté. Eh bien, relevons ce défi ensemble.
Troisièmement, nous devons bâtir une économie mondiale plus stable et plus inclusive.
La pandémie de COVID-19 n’est pas seulement une crise sanitaire, c’est aussi une crise économique. Nous devons reconstruire, et nous devons reconstruire en mieux.
Les États-Unis ont appuyé la résilience économique de l’Afrique tout au long de la pandémie, par exemple, en soutenant la suspension de la dette de 32 pays africains à ce jour, et en faisant circuler davantage de capitaux vers vos économies.
À l’avenir, nous voulons aider à créer le type d’opportunités qui ne profitent pas seulement aux plus aisés, mais qui sont porteuses de bons emplois pour les gens quels que soient leurs niveaux de revenus, et qui jettent les bases d’une croissance plus inclusive et plus durable sur le plan environnemental pour les années à venir.
C’est pourquoi nous admirons le Plan d’action de l’Union africaine pour la relance verte, en particulier l’accent mis sur le financement de la lutte contre le changement climatique.
L’initiative Prosper Africa vise à accroître les échanges et les investissements bilatéraux. Notre Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, connue sous le nom d’AGOA, offre un accès en franchise de droits aux marchés américains, et nous nous employons à faire en sorte que les pays africains en profitent pleinement.
Nous nous félicitons de la création de la Zone de libre-échange continentale africaine, car nous souhaitons voir la puissance économique de l’Afrique s’accroître dans le monde. Davantage de consommateurs doivent avoir accès aux biens et services africains. Il faut créer plus d’emplois pour les jeunes Africains, la main-d’œuvre mondiale de demain.
Ensemble, nous pouvons contribuer à façonner les règles de l’économie mondiale pour veiller à ce que les bienfaits du commerce soient largement partagés, et mieux protéger nos travailleurs, nos innovations et notre planète. L’impôt minimum mondial, dont sont convenus 130 pays, est un pas important dans la bonne direction. Il générera des milliards de recettes pour les pays et mettra fin au nivellement par le bas engendré par les sociétés qui déménagent sans cesse pour payer le moins d’impôts possible.
Enfin, notre engagement en faveur d’une croissance inclusive est à l’origine de notre initiative Build Back Better World (Reconstruire le monde en mieux), dont le but est d’aider à combler l’écart des infrastructures dans le monde.
Les besoins sont énormes. Il faudra des milliers de milliards de dollars par an pour combler cet écart. Mais nous devons agir, parce que les besoins en infrastructures freinent la croissance et les opportunités dans trop d’endroits. En répondant à ces besoins, nous pouvons améliorer la vie des gens, renforcer les économies et protéger la planète en même temps.
Bon, le problème est une chose, mais il faut aussi parler des solutions.
Notre stratégie sera durable, transparente et guidée par des valeurs.
Nous voulons créer des emplois locaux et faire profiter les populations locales. Nous soutenons les mesures de transparence et de lutte contre la corruption, afin que les dirigeants et les citoyens puissent évaluer si les accords conclus en leur nom leur sont vraiment profitables. Et nous voulons protéger les travailleurs et l’environnement.
Trop souvent, les accords internationaux sur les infrastructures sont opaques et coercitifs ; ils écrasent les pays de dettes ingérables ; ils nuisent à l’environnement ; ils ne profitent pas toujours à ceux qui vivent sur place.
Nous ferons les choses différemment.
Quiconque passe du temps à Lagos, au Cap-Occidental ou à Nairobi sait qu’il y a énormément d’optimisme, d’innovation et de dynamisme chez les gens à travers l’Afrique, en particulier chez les jeunes.
Les Américains connaissent bien ce genre d’ambition et d’ingéniosité.
C’est pourquoi, pour moi, nous sommes des partenaires économiques évidents, et nous devrions aller beaucoup plus loin dans notre engagement mutuel.
Quatrièmement, nous devons consolider la démocratie.
Nous sommes à un moment décisif.
L’autoritarisme est en hausse dans le monde entier. La technologie est exploitée pour réduire au silence la dissidence et poursuivre les citoyens, et les démocraties doivent réagir pour combattre la désinformation, défendre la liberté d’internet, réduire l’utilisation abusive des technologies de surveillance, établir des normes de conduite responsable dans le cyberespace.
En attendant, les gouvernements deviennent moins transparents. La corruption augmente. Dans de nombreux endroits, les élections sont des poudrières de violence. La pandémie a accéléré bon nombre de ces tendances.
Nous voyons cela se produire dans toute l’Afrique : des dirigeants qui ignorent la limitation du nombre de mandats, qui truquent les élections ou les reportent, qui exploitent les mécontentements au sein de la société pour accroître et maintenir leur pouvoir, qui arrêtent des figures de l’opposition, qui répriment les médias et qui permettent aux services de sécurité d’user de la brutalité pour faire appliquer les restrictions liées à la pandémie.
Beaucoup d’Africains vivent aujourd’hui sous des gouvernements au moins partiellement autoritaires.
Et les militaires ont renversé des gouvernements civils quatre fois cette année. Du jamais vu en 40 ans.
Il y a aussi de bonnes nouvelles pour la démocratie en Afrique.
Le Niger, qui a connu son premier transfert pacifique de pouvoir cette année. Ou la Zambie, où le parti d’opposition a remporté les élections, quand peu de gens pensaient que ce serait autorisé. Les citoyens, là-bas, se sont réveillés bien avant l’aube — certains ont même dormi toute la nuit devant les bureaux de vote — pour être sûrs de pouvoir voter. Et même dans les endroits où la démocratie est mise sous pression, c’est formidable de voir des gens résister courageusement et appeler au changement, comme les citoyens qui défilent dans les rues au Soudan pour rétablir la transition sous contrôle civil.
Cela dit, le recul de la démocratie dans de nombreux endroits en Afrique ne peut être omis. Et ce n’est pas ce que souhaitent les populations. Tous les sondages effectués dans les pays du continent montrent que les Africains, qu’ils soient Ghanéens, Zambiens, Ougandais ou Tanzaniens, sont en faveur de la démocratie.
Lorsqu’on leur donne le choix entre des élections pluralistes, un régime dirigé par un homme fort, des États à parti unique ou un contrôle militaire, ils choisissent des élections pluralistes.
Il est donc d’autant plus important que les dirigeants fassent preuve de leadership et mettent fin au recul de la démocratie qui anéantit les aspirations de leurs citoyens.
Cependant, je veux insister sur le fait que ce recul de la démocratie n’est pas seulement un problème africain. C’est un problème mondial. Mon propre pays est aux prises avec des menaces à sa démocratie. Et les solutions à ces menaces viendront autant de l’Afrique que d’ailleurs.
Nous avons besoin que des pays des quatre coins de la planète partagent les meilleures pratiques, prennent des engagements publics et se tiennent mutuellement responsables. Et nous devons montrer comment les démocraties peuvent répondre aux attentes des citoyens, rapidement et efficacement. Faute de quoi, les citoyens perdent confiance dans le modèle démocratique, et cela alimente les arguments des gouvernements autoritaires, à savoir que leur système est supérieur.
C’est exactement l’idée qui sous-tend le Sommet pour la démocratie que le président Biden accueillera le mois prochain, et nous attendons la participation du Nigeria avec intérêt.
Ensemble, nous devons nous engager à combattre ce que l’ancien président Barak Obama a appelé « le cancer de la corruption », qui draine des milliards de dollars dans les économies tout en sapant la dignité du peuple et sa confiance dans le système.
Nous devons protéger les sociétés libres et florissantes qui donnent aux citoyens des moyens pacifiques pour exprimer leurs revendications et demander le changement.
Et nous devons défendre inlassablement les droits humains qui sont le socle des sociétés libres, justes et stables.
Les Américains et les Africains partagent le même désir de vivre dans des endroits où leurs droits sont respectés et leurs voix entendues, et où les gouvernements leur rendent des comptes et produisent des résultats. En travaillant ensemble, nous pouvons soutenir la démocratie dans nos pays et à travers le monde.
Cinquièmement, nous devons faire progresser la sécurité et la paix durables.
Nous savons que l’instabilité et l’insécurité sont au cœur des préoccupations de presque tous les Nigérians. On peut en dire autant pour les habitants de l’Éthiopie, de la Somalie, du Mozambique, du Cameroun, du Mali, du Niger et d’autres pays du continent. Les menaces que constituent les extrémistes violents, les criminels, les conflits internes armés – ces menaces sont très réelles, et très présentes dans la vie des gens. Tout comme l’est leur capacité de déstabiliser des pays et des régions, de saper le développement et de déclencher des catastrophes humanitaires.
La réponse réside en partie dans l’existence de forces de sécurité et de services locaux d’application de la loi qui soient efficaces et professionnels, capables de protéger les citoyens tout en respectant les droits humains. Et nombreux sont nos partenaires à travers l’Afrique qui souhaitent renforcer leurs capacités dans ces domaines.
Mais il est tout aussi important, voire plus, de s’attaquer aux causes qui sous-tendent les conflits. On ne peut pas tout résoudre avec des forces armées plus nombreuses ou mieux équipées. Et les efforts déployés pour lutter contre l’extrémisme violent ont parfois eu l’effet pervers de porter atteinte aux droits des gens, ce qui ajoutant aux griefs et entretenu les cycles de violence.
Nous exhortons les gouvernements à contribuer aux secteurs de la justice pénale et de la sécurité et à s’engager à adopter des approches qui respectent les droits, ainsi qu’à favoriser une plus grande responsabilisation en matière d’abus, ce qui est crucial pour gagner la confiance du public.
Nous pensons que nous pouvons arriver à de meilleurs résultats en affrontant l’insécurité si nous collaborons pour élargir les opportunités économiques, en particulier pour les jeunes et d’autres encore qui, en désespoir de cause, pourraient être attirés par les activités criminelles, estimant n’avoir aucun autre choix.
Et pour résoudre les conflits, nous sommes prêts à soutenir une diplomatie rapide et soutenue avec les dirigeants nationaux ; avec les organisations régionales ; avec les alliés internationaux et les citoyens de nos partenaires – y compris les femmes qui doivent toujours être présentes à la table quand la paix se négocie ; et aussi avec les institutions internationales, y compris les Nations unies.
C’est ce qui se passe actuellement avec les crises et les conflits en Éthiopie, au Soudan et en Somalie. Des dirigeants et des institutions africaines ont pris l’initiative d’orienter la réponse diplomatique. Des diplomates africains sont à la tête de la collaboration avec les Nations unies, l’Organisation mondiale du commerce et la Banque africaine de développement. Les États-Unis utilisent leur diplomatie de toutes les manières possibles à l’appui de ces efforts.
J’ai donc couvert un peu de terrain. Mais tout ce que j’ai dit peut se réduire à ceci : les États-Unis veulent renforcer leurs partenariats à travers l’Afrique de façon à servir vos intérêts, nos intérêts et les intérêts des peuples du monde entier dont la vie et l’avenir dépendent en partie de ce que nous pouvons accomplir ensemble.
En signe de notre engagement en faveur de nos partenariats à travers le continent, le président Biden a l’intention d’accueillir le Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique pour faire progresser le genre de diplomatie et d’engagement de haut niveau qui peut transformer les relations et rendre possible une coopération efficace.
J’ai dit au début que l’Afrique est un continent de jeunes. J’ai rencontré quelques-uns d’entre eux au cours de ce déplacement. Un grand nombre des questions que j’ai mentionnées aujourd’hui aideront à débrider leur potentiel, en leur offrant de nouvelles opportunités de diriger, d’apprendre, de bâtir des carrières, de servir leur communauté et de réaliser leurs rêves.
L’un de mes exemples préférés des partenariats entre les États-Unis et l’Afrique est YALI, l’Initiative pour les jeunes leaders africains. Elle crée des échanges éducatifs et des possibilités de networking pour des jeunes extraordinaires à travers le continent. J’ai eu le plaisir de rencontrer beaucoup de participants à YALI, passés et présents, et j’ai toujours été ébloui.
Ils lancent des entreprises sociales, ils aident les gens à se faire vacciner, ils font des études d’agriculture et accompagnent des adolescents à risque, ils travaillent dans des gouvernements et rédigent des articles pour des journaux, ils créent des œuvres d’art et les utilisent pour forger des liens en Afrique et dans le monde entier.
Ils sont tout simplement irrépressibles.
Notre devoir maintenant est de suivre leur exemple.
Canalisons leur optimisme et leur énergie pour relever les défis et saisir les opportunités d’aujourd’hui ensemble.
Bâtissons l’avenir que les jeunes de tous nos pays souhaitent et méritent.
Je vous remercie vivement de votre attention. (Applaudissements.)
Voir le contenu d’origine : https://www.state.gov/the-united-states-and-africa-building-a-21st-century-partnership/
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.